Arequipa, "la ville blanche", c'est parce que de nombreux bâtiments de cette ville ont été construits avec des pierres volcaniques blanches que ce surnom lui a été donné. Et il faut reconnaître que cela lui donne un certain charme, il est agréable de se balader dans ses petites rues, sur sa grande Place d'Armes que domine l'imposante cathédrale Notre Dame d'Arequipa.
Au coeur de la ville se trouve le couvent Santa Catalina. Jusqu'en 1970, ce lieu était emprunt de mystère car à quelques exceptions, seules les religieuses qui y vivaient pouvaient y entrer, et elles y restaient cloîtrées sans quasiment aucun contact avec l'extérieur. Le couvent peut être librement visité maintenant mais ce n'est que depuis 1985 que les sœurs qui y résident peuvent en sortir.
Jusqu'à cette date, le seul contact autorisé avec l'extérieur se faisait via le parloir, le seul endroit où les religieuses pouvaient discuter à travers une grille avec leur famille, une fois par mois, pendant 1h, et sous la surveillance d'une autre sœur (pire que la prison ! mais elles étaient là par choix).
Le vaste couvent peut héberger jusque 500 habitantes mais il n'y a plus que 25 religieuses de nos jours. Avec sa grande superficie, ses nombreuses rues et toutes ses habitations, il est comme une ville dans la ville. À l'extérieur, le rouge et le bleu des murs surprennent et détonnent vraiment par rapport au blanc et au gris des intérieurs. Je visite les différents lieux du couvent ; cloîtres, église, cuisine, lavoir, et les logements des sœurs au confort rudimentaire et qui portent le doux nom de "cellules". Je découvre aussi comment les religieuses s'occupaient en fabriquant de l'eau bénite et des hosties.
Comme beaucoup de civilisations de l'Amérique précolombienne, les Incas pratiquaient des rituels de sacrifice en l'honneur de leurs dieux. Il s'agissait souvent d'espérer faire venir la pluie, obtenir de bonnes récoltes, faire cesser les séismes, réaliser des divinations...
Des animaux, des esclaves, des guerriers ennemis vaincus étaient sacrifiés, et parfois des enfants.
C'est ce qui est arrivé à Juanita, une jeune fille sacrifiée au sommet d'un volcan, probablement pour apaiser la colère de celui ci. Je pars découvrir sa fascinante histoire au musée Santuarios Andinos.
Choisie pour être sacrifiée, cette enfant d'environ douze ans n'a pas été tuée comme un vulgaire poulet. Être celle qui allait apaiser le volcan était un honneur, et avant d'être emmenée jusqu'au sommet, elle a été présentée à l'empereur inca. C'est ensuite toute une procession de religieux, musiciens, danseurs, lamas qui l'ont accompagnée jusqu'au pied du volcan Ampato. Un petit groupe l'a alors conduite jusqu'au cratère, à presque 6300 mètres d'altitude, où la mort l'attendait.
Alors non, je vous arrête tout de suite, elle n'a pas été jetée dans le cratère dans la lave en fusion, sa fin n'a pas été aussi violente quand même. Un simple coup de bâton bien placé sur la tête a suffit à lui ôter la vie, puis elle a été enterrée en position fœtale, somptueusement vêtue, avec divers objets pour l'accompagner dans sa vie dans l'au-delà. Les siècles ont passés et un glacier s'est formé au sommet du volcan Ampato, emprisonnant Juanita dans la glace.
L'histoire aurait pu s'arrêter là et nous ne la connaîtrions pas si 500 ans plus tard, l'éruption d'un volcan faisant face à l'Ampato n'avait pas fait fondre la glace de celui ci, libérant Juanita de sa prison de glace. Une équipe d'alpinistes archéologues s'est alors rendu sur place et a découvert le corps de Juanita parfaitement conservé dans un bloc de glace pas encore totalement fondu.
Dans le musée dédié à l'archéologie de haute montagne, on peut voir les équipements des "alpinistes" incas de l'époque, les objets trouvés dans les tombes des enfants sacrifiés et bien évidemment la fameuse Juanita.
Bien qu'elle n'ait pas été momifiée au sens strict du terme, elle est tellement bien conservée qu'elle a été appelée la "momie des glaces".
Elle repose au froid et à l'abri dans un cube de verre. La peau toujours présente sur son visage, les yeux fermés, un air presque apaisé qui pourrait faire penser qu'elle n'a pas craint la mort au moment où on lui a ôté la vie.
Photos prises sur internet car il n'était pas permis de photographier dans ce musée
Photos prises sur internet car il n'était pas permis de photographier dans ce musée
À mon tour maintenant de me rendre dans les montagnes, non pas pour aller jusqu'à un volcan, mais jusqu'à un canyon, le canyon de Colca.
Comme il s'agit de faire un trek de 3 jours, ce que je n'ai jamais fait de toute ma vie, je choisi d'y aller avec un tour guidé. Nous sommes une douzaine à suivre Luigi notre guide, qui nous emmène d'abord jusqu'à un point de vue surplombant le canyon, el Cruz del Condor. En plus d'offrir un superbe panorama, ce lieu est idéal pour observer des condors, ces oiseaux emblématiques des pays andins, qui ont une envergure pouvant aller jusque 3,50 mètres. Nous en observons plusieurs voler autour de nous, ils sont vraiment impressionnants. Je fais de mon mieux pour les prendre en photo, mais le résultat n'est malheureusement pas trop au rendez vous...
Le trek de 3 jours consiste à descendre le canyon la première journée, marcher au creux de la vallée la seconde, et remonter la troisième. Nous commençons donc la descente depuis le haut du canyon, équipés de bâtons en bambou bien utiles pour sécuriser nos pas et éviter les chutes.
Rapidement, je fais connaissance avec une partie du groupe, Chloé et Marion les deux cousines en voyage longue durée, Janine et Yves les retraités en vadrouille, et deux autres voyageuses solitaires comme moi, Sandra et Laurie. Aucun d'entre nous n'est vraiment habitué à ce type de randonnée, d'un certain côté, je trouve ça rassurant, à priori, je ne me suis pas engagé dans un défi trop grand pour moi.
Le chemin est long, avec plus de 1000 mètres de dénivelé, ce n'est pas trop difficile mais assez éprouvant pour les jambes quand même, il faut surtout bien veiller à regarder là où on met ses pieds pour ne pas glisser et se retrouver les fesses par terre. Nous faisons de nombreux arrêts pour nous reposer, apprécier le paysage et prendre des photos. Le climat à cette période est encore bien sec, hormis la végétation au creux du canyon et autour de la rivière, seuls les cactus sont verts. D'ailleurs en parlant de cactus, notre guide nous arrête pour nous en montrer un, le San Pedro qui contient une substance produisant des effets similaires à de la drogue. Personne n'essaye, mais on se demande quand même si le guide n'en prendrait pas parfois tellement il est perché...😆
Nous reprenons notre chemin sous le soleil qui commence à taper bien fort, et après plusieurs glissades d'un peu tout le monde et une belle chute de Chloé, nous arrivons finalement jusqu'à la rivière. Ce n'était que de la descente mais mine de rien c'était sportif, je sens mes jambes fébriles et n'ai qu'une hâte, c'est de me reposer. Nous profitons de l'eau fraîche de la rivière pour nous baigner et soulager nos muscles, et passons une nuit calme dans un petit village.
Nous reprenons notre chemin sous le soleil qui commence à taper bien fort, et après plusieurs glissades d'un peu tout le monde et une belle chute de Chloé, nous arrivons finalement jusqu'à la rivière. Ce n'était que de la descente mais mine de rien c'était sportif, je sens mes jambes fébriles et n'ai qu'une hâte, c'est de me reposer. Nous profitons de l'eau fraîche de la rivière pour nous baigner et soulager nos muscles, et passons une nuit calme dans un petit village.
La seconde journée est beaucoup moins éprouvante, essentiellement plat, le chemin est une balade de santé et nous permet de marcher tout en appréciant le paysage. À certains endroits on peut observer des formations qu'on appelle des orgues, des sortes de colonnes de roche le long des parois.
Sur le trajet, nous nous arrêtons dans une petite ferme de cochons d'Inde qu'on appelle au Pérou, le "cuy". Ici, ce petit rongeur n'est pas un animal de compagnie, c'est un met très apprécié. Plutôt calme et peureux, ils se mettent à pousser des cris très aigus lorsque nous venons leur donner à manger "cuy cuy CUY CUUUUUYYYY !!!!!".
Au Pérou, comme dans la plupart des pays d'Amérique du Sud, il y a beaucoup de chiens errants et il n'est pas rare d'en croiser dans les rues, généralement calmes et pas agressifs il n'y a pas à craindre d'eux. Je ne suis donc pas vraiment surpris lorsque je vois un chien s'approcher de notre groupe et nous suivre un peu. Un kilomètre, deux kilomètres, trois kilomètres et il nous suit toujours !
Il a décidé de faire le trek avec nous ou quoi ?!
Et bien, je ne crois pas si bien dire !
Luigi, notre guide, nous explique qu'il y a plusieurs chiens comme celui ci qui rejoignent des groupes de randonneurs, et font la boucle du trek du canyon de Colca en permanence, recueillant nourriture et câlins de la part des touristes qu'ils accompagnent. Nous décidons donc de baptiser notre chien, il sera Pedrito. Et en effet il nous suit jusqu'à ce que nous arrivions à l'oasis de Sangalle où nous nous reposons autour de la piscine. Je fais davantage connaissance avec Anastasia et Raphaël, un couple en voyage autour du monde pour deux ans. Les écouter me parler de tous les pays qu'ils ont visités pourrait me donner envie de prolonger mon voyage !
Le réveil à 4h du matin n'est pas des plus agréables, mais c'est ce qu'il faut si on ne veut pas avoir à remonter jusqu'en haut du canyon sous le soleil qui cogne dès les premières lueurs. Mais pour l'instant il fait bien froid, alors on se couvre bien, on attache bien ses chaussures et c'est parti pour 3h de montée non stop. Toujours avec mon bâton en bambou, j'avance tranquillement, monter est en général moins casse gueule de que de descendre, mais ça ne m'empêche pas de glisser à plusieurs reprises 😲
Pedrito est toujours avec nous, ça se voit qu'il a l'habitude, il avance bien plus vite que moi et n'a pas l'air de se fatiguer lui.
D'autres animaux se joignent à nous pour cette ascension, des mules ! Toujours mises à contribution pour transporter des marchandises jusqu'aux villages du canyon, elles sont également à disposition de ceux souhaitant louer leur service pour remonter.
Au fur et a mesure que je monte, j'ai de plus en plus chaud, je m'épluche alors comme un oignon en enlevant une couche de vêtement toutes les 20 minutes pour finir au sommet en débardeur.
Il m'aura fallu 2h30 pour y arriver, je ne suis pas peu fier de moi pour mon premier trek, je pourrai tenter plus dur la prochaine fois.
Dans la langue des Incas, le quechua, "Titicaca" signifie "puma de pierre", et c'est parce qu'il aurait la forme d'un puma que ce nom a été donné au lac Titicaca. Je vous laisse apprécier si c'est vraiment le cas.
Situé à 3800 mètres d'altitude, il est le lac navigable le plus haut du monde. Il appartient au Pérou (60% de la superficie) et à la Bolivie (40%). Il paraît que la partie bolivienne est la plus intéressante à visiter mais à cause des évènements actuels en Bolivie, il est compliqué et risqué de s'aventurer dans le pays. Du coup, j'embarque à bord d'un bateau depuis le port de Puno pour aller visiter les îles péruviennes.
Nous nous rendons d'abord aux îles Uros. Ces petites îles artificielles sont construites à base de totora, une plante aquatique, une sorte de roseau local. Les îles ressemblent à des radeaux géants flottant sur l'eau, et pour éviter qu'ils ne dérivent, elles sont ancrées comme des bateaux.
Ces îles ont été initialement construites par le peuple Uros, mais ils ont tous disparus et ce sont principalement des familles vivant de la pêche et du tourisme qui y habitent maintenant. Voilà pour la présentation, pour la visite, c'est malheureusement plutôt décevant, nous débarquons sur une des îles où un habitant nous fait une présentation, comment elles sont construites, comment vivent les habitants, j'apprends des choses certes mais rien ne semble vraiment authentique sur l'île où nous sommes et j'ai le sentiment qu'on nous a débarqué ici surtout pour qu'on achète des souvenirs... Le ponpon, c'est lorsqu'au moment de quitter l'île, trois femmes ont chanté de façon pas spontanée du tout, des chansons en plusieurs langues. Nous avons donc eu le droit à "sur le pont d'Avignon"... amusant mais un peu gênant aussi tellement ce moment ne semble pas authentique du tout.
Retour à bord du bateau donc pour naviguer jusqu'à l'île Amantani où nous passerons la nuit. Cette île de 9 km2 est habitée par environ 800 familles (~3500 habitants) repartis en 10 communautés. Ici, pas d'hôtels, ni d'auberges de jeunesse, on dort chez l'habitant. Chaque jour, c'est une des 10 communautés qui gère l'accueil et l'hébergement, et chaque famille souhaitant recevoir des touristes peut accueillir seulement une quinzaine de personnes par mois. Ce système permet de "distribuer" équitablement les touristes et repartir la manne financière qu'ils représentent, et du coup, même si les familles reçoivent régulièrement du monde, cela reste suffisamment rare pour que l'expérience puisse rester bien plus authentique que celle sur les îles Uros.
Je suis donc accueilli au sein de la famille de Teofilio, un vieux monsieur vivant avec sa femme, ses enfants et petits enfants. Avant d'aller manger, nous marchons jusqu'au sommet de l'île où se situe les temples dédiés à Pachamama et Pachatata, deux divinités incas. La légende veut qu'il faut faire trois fois le tour des temples en faisant un voeu un chaque tour pour voir ceux ci exaucés. L'endroit est aussi idéal pour assister au coucher de soleil sur le lac.
Le moment du repas est l'occasion d'échanger et d'en apprendre davantage sur le mode de vie des habitants de l'île. Même si le tourisme a permis d'améliorer les conditions de vie, les gens sont plutôt pauvres ici et font donc le maximum pour être autosuffisant via l'agriculture et l'élevage. D'ailleurs le repas qui m'est servi est préparé essentiellement avec des produits du jardin de la famille, et même si cela reste plutôt simple (soupe, riz et viande), c'est vraiment très bon !
Nous nous rendons ensuite dans la salle des fêtes du village où une petite fiesta est donnée pour les touristes. Un orchestre joue de la musique péruvienne au son de laquelle tout le monde danse en rond. Je me fais emporté par la ronde pour quelques danses avant de tomber de sommeil et rentrer dormir.
Mon passage au lac Titicaca se finit et je prend la route pour la capitale de l'empire inca, Cusco.