dimanche 10 novembre 2019

Costa Rica, côte Caraïbe

Tout ne se passe pas toujours parfaitement bien durant les voyages, vous vous en doutez bien, je ne vous raconte pas tout. Comme lorsque je me suis trompé de bus et me suis retrouvé à faire du stop au milieu d'une autoroute, comme lorsque j'ai oublié ma carte bleue dans un distributeur le jour de mon arrivée à Mexico, comme lorsque j'ai eu des crampes douloureuses à l'estomac et cru avoir un alien dans le ventre (c'était juste une tourista 😁)...

Et bien, pour mon arrivée au Costa Rica, tout s'est bien passé... enfin presque.

Après mon vol pour San Jose, la capitale du Costa Rica, je prend un bus direction la côte Caraïbe au nord. Sur le trajet, un accident fait perdre une bonne heure à notre bus, et j'arrive vers 21h30 à Cahuita. Il fait déjà nuit depuis longtemps (le soleil se couche vers 17h30 quasiment toute l'année ici), et je dois trouver l'endroit où j'ai réservé pour dormir avant 22h car il était indiqué que les check in n'étaient possible que jusque cette heure là.

Il faut savoir qu'au Costa Rica, le système d'adresse est très particulier, disons qu'il n'est pas ce qu'il y a de plus précis. Un magasin peut avoir pour adresse "à 50 mètres à l'ouest de l'église" ou bien "à 100 mètres au nord du KFC, à côté de la maison avec le portail bleu" (portail qui peut avoir changé de couleur).

J'ai téléchargé le plan sur Google Maps et enregistré la localisation de l'auberge qui a comme adresse "sur la route principale de Cahuita". La ville étant très petite, je me dis que je n'aurai pas de mal à trouver. Que je suis naïf parfois ! Impossible de trouver, je tourne dans les rues peu éclairées, je m'oriente avec le plan sur mon téléphone, mais rien à faire, l'endroit semble ne pas exister. Me voyant désemparé, un homme à vélo vient spontanément me voir pour me demander si j'ai besoin d'aide, puis un deuxième et un troisième. Ils ne connaissent pas l'endroit que je cherche, ils tentent d'appeler le numéro indiqué sur la réservation, mais pas de réponse. Il est 22h passé maintenant et ils ont peut être fermé la réception.

Sur leurs conseils, je me rend dans un petit hôtel qui est tenu par un français. Il me dit savoir où se trouve l'auberge que j'ai réservé. Il ne s'agirait pas d'une auberge d'ailleurs, mais d'une maison de particulier genre chambre chez l'habitant, géré par des gens un peu à l'arrache (carrément en fait). Je m'y rend, frappe à la porte, une fois, deux fois, trois fois de plus en plus fort. Rien. Je commence à m'énerver, je lâche un gros "PUTAIN", et donne un coup de pied dans la porte. Il n'y a vraiment personne (il valait mieux maintenant 😁). J'apprendrai plus tard qu'ils étaient partis en vacances...

C'est donc désespéré que je retourne chez le français pour lui demander si il n'a pas une chambre de libre. C'est le cas, je vais enfin pouvoir aller dormir !

Je m'en souviendrai de mon arrivée au Costa Rica !



Pour me remettre de mes émotions, je pars visiter les environs. Cahuita est une toute petite ville à l'ambiance caribéenne, ici on vit tranquille au son de musique reggae, on va à la plage, on fume un pétard. La population qui y vit vient originellement de la Jamaïque, ceci explique un peu cela. Une chose me saute rapidement aux yeux, c'est la végétation, il y en a partout, des plantes, des arbres, des fleurs de toutes sortes qui poussent dans tous les sens. Pour en profiter un maximum, je visite le parc national de Cahuita, un petit sentier qui longe la mer avant de traverser une petite poche de jungle. Pour cette première balade en pleine nature, en plus de la végétation incroyable, je vais être vite bien servi en animaux. Des toucans, des ratons laveurs, des coatis, des singes, des chenilles et des papillons. J'essaie de tout prendre en photo, mais un fichu papillon se joue de moi, quand il vole, je peux voir ses ailes d'un superbe bleu électrique, mais dès qu'il se pose et que je peux le prendre en photo, seul est apparent le côté sombre de ses ailes avec un motif rappelant des yeux. Ce papillon, c'est le Morpho Bleu, un des plus gros qu'on peut voir ici, 15 centimètres ! Et il paraît que les plus gros spécimens peuvent aller jusque 20 centimètres !





























Ravi de cette première journée, je pars non loin de là, à Puerto Viejo toujours sur la côte Caraïbe. Il y a davantage de monde qu'à Cahuita et l'ambiance y est plus festive. Je me rend à vélo au parc de Manzanillo pour une nouvelle balade. Ici, les sentiers sont plus boueux et il n'est pas toujours facile de trouver son chemin, il était d'ailleurs recommandé d'y aller avec un guide. Ce que j'aurai probablement dû faire car je m'égare plusieurs fois et n'y voit pas beaucoup d'animaux. J'y découvre tout de même des mignonnes petites grenouilles rouges et des énormes terrifiantes araignées, âmes sensibles s'abstenir.

















Pour me rendre jusqu'au village isolé de Tortuguero, j'embarque à bord d'un bateau pour 3h de trajet le long d'un canal bordant la mer. Le conducteur-guide nous conseille d'être attentifs car nous sommes susceptibles de voir de nombreux animaux sur le chemin. Et en effet, c'est une multitude d'oiseaux que nous voyons, dont des jolies spatules roses, mais aussi des lézards, des crocodiles, des singes et même un paresseux tranquillement en train de dormir au sommet d'un arbre.


















Tortuguero, qui signifie "là où pondent les tortues", est un petit village isolé au bord de la mer et dont les plages sont visitées par plusieurs espèces de tortues afin d'y pondre leurs œufs.

Autrefois, les villageois mangeaient les œufs et tuaient les tortues pour leur graisse entre autres, maintenant ils mettent tout en oeuvre pour les protèger tout en rendant possible aux touristes de venir assister à la ponte car c'est principalement ce qui permet de faire tourner l'économie du village.

A la nuit tombée, je pars sur la plage avec mon groupe de touristes et notre guide. Les rangers qui patrouillent informent les guides sur les endroits où des tortues sont arrivées. Il fait nuit noire et pour nous déplacer nous suivons notre guide quasi à l'aveugle, seule une faible lumière rouge est autorisée pour s'éclairer afin de ne pas effrayer les tortues qui pourraient être là. Nous arrivons auprès de cette première tortue que nous voyons rapidement avant que notre guide nous dise que nous n'allons pas rester observer celle ci. En effet, nous ne sommes autorisés qu'à observer un seul processus de ponte, et notre guide a rapidement remarqué que cette tortue était trop sensible. En effet, la tortue trop stressée serait susceptible de commencer à pondre mais de partir à l'eau prématurément sans recouvrir le nid de sable et en continuant de pondre des oeufs tout en retournant dans l'eau car elle ne peut pas arrêter la ponte lorsqu'elle a commencé (j'apprendrai plus tard qu'un autre groupe est resté l'observer, et que la tortue est effectivement repartie à l'eau rapidement, abandonnant ses oeufs sans protection, sans aucune chance de survie)

Notre guide vient de recevoir un appel d'un ranger, une autre tortue vient d'arriver un peu plus loin. Nous nous pressons pour être les premiers à l'observer et nous arrivons pile au moment où elle commence à pondre. Les tortues venant à cette période sont les tortues vertes, la nôtre fait plus d'un mètre, nous pouvons l'approcher de très près tant que nous restons hors de son champs de vision. Elle a creusé un trou avec ses nageoires et y dépose maintenant ses oeufs. Ils ressemblent à des balles de ping pong un peu gluantes, à chaque contraction, se sont un, deux ou trois oeufs qui arrivent. C'est peut sembler bête, mais c'est un moment émouvant que je vis là. Cette tortue qui vit en permanence dans l'eau, et qui revient tous les 3 à 6 ans pour pondre sur la plage qui l'a vue naître. Elle est là, vulnérable, à la merci des prédateurs. En effet, si les hommes ont arrêté de les tuer, des jaguars sont toujours susceptibles de les attaquer !

Une fois la ponte effectué, notre tortue recouvre les œufs, puis commence a déplacer le sable de telle sorte que le trou qui restera visible ne soit pas situé à l'emplacement du nid, c'est la phase de camouflage.

Et cette phase peut durer longtemps.

Cinq minutes, dix minutes passent, quinze... Au final, je ne saurai pas dire combien de temps nous avons attendu car je me suis allongé sur le sable et me suis endormi.

C'est une fille du groupe qui me réveille, la tortue a commencé à marcher pour retourner à l'eau. Enfin marcher... avec ses nageoires adaptées à la nage, c'est plutôt se traîner comme elle peut. Elle avance doucement en suivant le blanc de l'écume des vagues pour se diriger. Elle atteint finalement l'eau et disparaît dans l'océan. Elle ne connaîtra jamais ses enfants, elle a abandonné ses oeufs, et laisse maintenant le sort décider de leur avenir. La famille tortue, avec le papa tortue, la maman tortue, ça n'existe pas ici ! La nature est parfois "cruelle", mais elle est ainsi faite. C'est à peine un oeuf sur mille qui deviendra une tortue adulte. Les oeufs non recouverts seront mangés par les crabes ou les oiseaux, certains oeufs seront déterrés par des chiens errants, et pour les tortues qui naîtront des oeufs rescapés, il faudra atteindre l'eau sans se faire manger par les prédateurs, puis elles auront une trentaine de kilomètres à parcourir afin d'atteindre un récif d'algues où elles trouveront refuge et pourront vivre à l'abri jusqu'à être suffisamment grandes pour être moins vulnérables. Un vrai parcours du combattant !








Photos prises sur internet car il n'est pas permis d'en prendre pour les touristes.


Quand je me rend au parc national de Tortuguero, on m'explique que la partie du sentier qui faisait une boucle à travers la jungle n'est plus accessible, il n'est possible que de suivre le chemin longeant la plage. Quelle déception ! Mais je vais quand même visiter le parc, en espérant faire de nouvelles rencontres animalières. J'arrive rapidement au croisement où se trouve le sentier allant plus profondément dans la jungle, et je cède à la tentation d'aller y jeter un œil en dépit de l'interdiction. J'avance doucement en agitant un bâton face à moi pour éviter de me prendre dans d'éventuelles toiles d'araignées. Je comprends rapidement que le sentier a été fermé par manque d'entretien, les arbres tombés barrant parfois la route n'ont pas été enlevés, les ponts pour traverser des petits cours d'eau sont délabrés, mais rien qui ne m'empêche d'avancer. Je progresse prudemment, je me faufile entre les arbres, joue l'équilibriste sur les petits ponts détruits, tout en gardant tous mes sens en éveil pour tenter de débusquer des animaux. J'entends surtout beaucoup de cris d'oiseaux, des sifflements, des bruits d'insectes. Et à un moment, j'entends des râles étranges, assez terrifiants. Sans exagérer, on pourrait croire à des monstres sortis de Resident Evil. Je sais que le seul animal potentiellement dangereux dans le coin est le jaguar, qu'il n'est actif que la nuit et qu'il ne crie sûrement pas de cette façon, mais bon... je dois avouer que j'ai un petit peu peur et n'ai plus tant envie de tomber sur un animal, d'autant que si il m'arrive quelque chose, personne ne passera par ce chemin, sauf un autre éventuel intrépide/inconscient/imprudent/indiscipliné.
J'ai déjà bien avancé et n'ai pas terminé de parcourir la boucle, du coup je vérifie sur le GPS de mon téléphone et réalise que je suis apparemment bien en dehors du chemin que la boucle est censée faire...
Pas très rassuré, je décide finalement de ne pas prendre davantage de risques et de revenir sur mes pas, quand tout d'un coup...






Bah rien.

J'ai rebroussé chemin jusqu'à retrouver le sentier autorisé. Je me suis fait une petite frayeur pour rien car je n'ai pas vu un seul animal et j'ai perdu du temps. Ça m'apprendra à vouloir jouer les aventuriers.

Je parcoure donc le sentier autorisé comme un bon touriste bien élevé, c'est agréable de marcher dans cet environnement, mais à part la magnifique végétation et quelques lézards, oiseaux et papillons que je connais déjà, je ne vois rien de particulier. Je repars donc bredouille et déçu vers l'entrée du parc. C'est alors que je vois un petit groupe de touristes français en train d'observer quelque chose. Je m'approche, et c'est un espèce de petit ragondin qui est là, d'après la guide du groupe, il s'agit d'un aguti. Je continue le chemin en discutant avec un des français lorsque la guide remarque des singes, il y en a des noir et blanc et des tout noir. Les premiers sont des singes araignées, les second sont des singes hurleurs, et j'apprends que ce sont eux qui émettaient les cris terrifiants que j'ai entendu plus tôt ! Mystère résolu.
Nous continuons le chemin jusqu'à la sortie lorsque nous tombons cette fois ci sur un petit fourmilier qui se balade dans les arbres en quête de nourriture. Presque 3h à me balader ici, et finalement j'aurais vu l'essentiel dans les 20 dernières minutes.












Je pars ensuite marcher sur la plage où les tortues viennent pondre à la nuit tombée. L'incubation des oeufs dure 2 mois, et les premières tortues vertes ont commencé à pondre en juin, avec un peu de chance, il est donc possible de voir des bébés tortues sortir du sable et se rendre à la mer. Je marche parmi les trous laisser par les tortues au fur à mesure des nuits, mais je ne vois rien à part des œufs qui ont été mangés. Je marche encore, et soudain je vois un bébé tortue... dans la gueule d'un chien errant.
Déçu, je décide de rentrer à l'auberge, et en chemin, je tombe à nouveau sur les français avec qui j'ai vu le fourmilier plus tôt. Ils ont trouvé un trou où se trouve un bébé tortue. Le trou semble avoir été creusé par un animal alors je fais tout de suite le rapprochement avec le chien. La tortue est immobile, et tandis que nous la regardons en attendant qu'elle se réveille, d'autres petites têtes de tortues apparaissent hors du sable. En fait, une fois éclos, elles viennent respirer en surface et ont besoin d'une vingtaine de minutes pour se "réveiller" avant de prendre la direction de la mer. Et en effet, notre première tortue commence à se mouvoir. Elle sort du trou et se déplace sur le sable, mais au lieu d'aller droit vers la mer comme elle devrait faire, elle va dans tous les sens, 10 minutes plus tard, elle tourne encore en rond et s'est à peine rapprocher de la mer. J'explique à la ranger qui passait par là qu'un chien a probablement creusé dans le nid dont cette tortue provient, elle décide donc exceptionnellement de l'aider en la plaçant proche de l'eau. En temps normal, il faut laisser la nature faire, mais cette tortue a sûrement été perturbée par le chien et pour augmenter ses chances de survie, il valait mieux l'aider pour qu'elle ne s'épuise pas trop.
Comme la tortue de la nuit précédente, nous la voyons disparaître dans l'océan. Si elle survit, elle reviendra se reproduire dans les eaux environnantes, et si c'est une femelle, elle viendra pondre sur cette même plage, mais ça ne sera pas avant 8 à 20 ans. Entre temps, elle aura parcouru des milliers de kilomètres dans l'océan.















En tout cas, ces français m'auront bien porté chance. Et comme ils sont sympa, je vais manger avec eux et faire davantage connaissance. Mathieu de Paris, Jérôme et Mathieu de Limoges sont en vacances ici pour deux semaines. Ça me fait bizarre de me dire que les voyages ne durent que deux ou trois semaines habituellement alors que je suis déjà parti depuis deux mois...

Le lendemain, je prend le bateau en compagnie des Mathieux et Jérôme pour remonter les canaux allant vers le sud. Pas d'arrêts pour observer la nature sur ce trajet, nous fonçons en suivant les méandres de cette "petite amazone" comme les gens l'appellent, et arrivons rapidement à La Pavona. Mes sympathiques français disposant d'une voiture, ils me proposent de m'accompagner jusqu'à Guapiles, là où je prend un bus pour ma prochaine destination, La Fortuna.









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