Après 6h30 de bus depuis Puno, je débarque à Cusco, capitale
de feu l’empire Inca. J’ai largement eu le temps dans le bus pour chercher sur
les sites de réservation, une auberge de jeunesse qui devrait répondre à toutes
mes exigences. Me voici donc au Tucan Hostel, et c’est le bonheur, tout est
bien propre, les chambres sont calmes et il n’y fait pas froid, les lits
disposent de rideaux, de prises électriques individuelles, les douches sont
chaudes, il y a une cuisine équipée, le petit dej est tout à fait correct et
pour couronner le tout, la nuit ne coûte que 7€ !
Je pars découvrir la ville en commençant par le marché de
San Pedro qui m’a été conseillé pour y acheter des souvenirs et pour y manger.
Ça grouille de monde, avec ma tête de touriste, je me fais alpaguer de tous les
côtés pour me vendre des pulls en alpaga, des peluches lamas, du chocolat, des
légumes, des jus de fruits frais… Le seul habit à manche longue dont je dispose
étant un sweat à capuche, je craque pour un joli pull qui devrait m’être utile
pour mes prochaines sorties dans les montagnes.
Je pars ensuite à la découverte de la ville, ses petites
rues, sa place d’armes, ses églises… j’aime beaucoup. Cusco est une ville très
touristique, mais l’ambiance est tellement moins oppressante qu’à Lima, et de
par son histoire et sa culture, elle est bien plus intéressante. Une chose me
fascine, ce sont toutes ces constructions dont les murs sont faits de pierres
sculptées parfaitement ajustées les unes par rapport aux autres. Ces murs ont
été construits par les incas et sont les seuls à avoir résisté aux nombreux
tremblements de terre qu’a subie la région depuis des siècles. Au détour d’une rue, je tombe sur la fameuse pierre
à douze angles, je suis impressionné par un tel niveau de précision.
Je passe par hasard devant le Museum d’Histoire Naturelle de
la ville, et décide d’aller y faire un tour. L’entrée n’est qu’à ~2€, et le
musée semble tout petit, je n’espérais donc pas quelque chose de phénoménal,
mais rien que pour le fou rire qu’il m’a apporté, ça valait le coût. Loin de
moi l’idée de me moquer de ce musée, il présente des petites collections
d’insectes, de papillons, d’araignées et d’oiseaux sympathiques, mais pour ce
qui est des mammifères, certains ont été tellement mal naturalisés qu’il est
difficile de ne pas rire en les voyant !
5h du matin, je prends un bus touristique pour me rendre à
la Montagne aux Sept Couleurs. Quelques heures de route et me voici au
début du chemin menant jusqu’au sommet de la montagne. Il y a beaucoup de
monde, mais c’était prévisible, tous les touristes viennent en passant par des
agences et arrivent presque en même temps car il est compliqué de venir
jusqu’ici par d’autres moyens. J’avance tranquillement, mais relativement vite
par rapport à d’autres qui ont l’air déjà épuisés après seulement quelques
centaines de mètres. Il est vrai que nous sommes à 5000 mètres d’altitude et
que l’oxygène est plus rare ici, ce qui fait qu’on se fatigue plus rapidement et
qu’on peut avoir « El Soroche », le mal des montagnes. Pour éviter ce mal, il
est conseillé de mâcher des feuilles de coca. Oui, la même coca qui est
utilisée pour la fabrication de la cocaïne, mais la feuille en elle-même ne contient
pas de drogue. C’est une tradition ancestrale au Pérou et en Bolivie. J’en ai
apporté avec moi, on va voir si ça fonctionne.
Le chemin est relativement plat et monte lentement, ce n’est
pas trop dur d’avancer, j’admire le paysage, il y a de belles montages
recouvertes de verdure où de nombreux alpagas paissent tranquillement, c’est la
première fois que je vois autant de ces animaux qui font un peu penser à un
croisement entre un mouton et un chameau. Certains sommets sont enneigés, un
guide raconte à son groupe que lorsqu’il était jeune, il y avait vraiment
beaucoup plus de neige, mais qu’avec le réchauffement climatique, celle-ci se
fait de plus en plus rare.
Presque une heure que j’ai commencé à marcher, je commence à
sentir les effets du manque d’oxygène, ma respiration est plus difficile et mes
pas sont de plus en plus lourds. Je ne suis plus très loin du sommet, mais le
chemin est maintenant plus pentu qu’au début. De plus en plus de gens
s’arrêtent pour faire des pauses et reprendre leur respiration, certains
décident de finir la montée sur le dos d’un de ces pauvres chevaux exploités
par leurs propriétaires pour monter et descendre des touristes à longueur de
journée... Le mal des montagnes commence à s’emparer de moi, j’ai de plus en
plus la sensation d’avoir la tête coincée dans un étau, je décide de faire une
pause à mon tour. Je me retourne pour m’assoir et découvre la beauté de la
vallée que je viens de traverser sans vraiment m’en rendre compte.
Je reprends le chemin pour les 200 mètres qu’il me reste à
parcourir, je n’aurai jamais pensé que cela serait aussi difficile. J’avance
lentement, pas après pas, et plus j’approche du sommet, plus je sens la
température qui baisse, et une fois arrivé, c’est un vent glacial qui
m’accueille. J’enfile mon sweat à capuche par dessus mon nouveau joli pull, je
m’emmitoufle avec mon paréo multifonction et je peux enfin admirer Vinicunca,
la Montaña de Siete Colores. Le temps n’est malheureusement pas très
ensoleillé, mais on peut clairement voir les différentes couches colorés. On
distingue très bien le rouge (oxyde de fer), le vert (sulfate de cuivre), le
jaune (soufre), et on devine le violet, l’orangé. Le temps de faire quelques
photos, et je me sens déjà en hypothermie, je ne vais pas faire long feu ici.
Je prends le chemin menant vers la très belle Vallée Rouge, mais je m’arrête
seulement pour un point de vue car je dois me dépêcher de retourner au bus. Au
fur à mesure que je descends, je sens l’étau qui comprime mes tempes se
desserrer, je n’avais jamais expérimenter un tel effet de l’altitude,
heureusement, il n’est pas prévu que je remonte aussi haut pour la suite du
voyage.
Chloé, que j’avais rencontrée lors du trek au canyon de
Colca, est aussi à Cusco en ce moment, je la retrouve pour une journée de visites
ensemble dans les montagnes au nord de la ville où se trouvent différents sites
archéologiques. Nous commençons par Tambomachay, « el baño del Inca », Quand on
parle de « l’Inca », on désigne en fait le chef de l’empire inca. Cet endroit
était un lieu de repos pour l’Inca. Sa particularité est d’avoir un système de
canalisation alimentant deux petites fontaines avec l'eau d'une source proche.
Proche de Tombomachay se trouve Puka Pukara, une ancienne
forteresse construite afin de protéger l’accès à Cusco par le nord. Comme les
constructions qu’on trouve dans la ville, les murs sont faits de pierres
taillées ajustées les unes aux autres, mais ils semblent avoir moins bien
résisté ici.
Nous faisons un détour par les ruines du Temple de la Lune
avec ses énigmatiques monticules de pierre, et, suivi par des chiens, nous nous
rendons au site de Qenqo. Cet endroit était un sanctuaire important de la
civilisation inca, rituels, sacrifices, momifications avaient lieu ici. Dans la
langue inca, le queshua, Qenqo signifie labyrinthe, et en effet, ce site est
constitué de nombreux petits chemins et galeries creusés dans la roche.
Nous finissons nos visites par le site de Saqsaywaman.
Cette forteresse est composée de murailles de plusieurs centaines de mètres et
faites de pierres taillées parfaitement ajustées comme nous l’avons déjà vu
jusque-là. Sauf que celles-ci sont d’une taille incroyable, certaines font
plusieurs mètres de hauteur et de largeur et pèseraient plus de 200 tonnes ! On
se demande vraiment comment il est possible que ceci ait été construit par des
humains il y a 500 ans. Nous marchons sur le grand espace de verdure du site et
nous rencontrons un alpaga seul accroché à un poteau. Il a l’air assez craintif
et pousse des petits gémissements lorsque nous nous approchons de lui, nous
gardons donc notre distance pour le prendre en photos. Après ce shooting, nous
apercevons plus loin tout un troupeau d’alpagas, nous allons les rejoindre, eux
ne sont pas accrochés et n’ont absolument rien à faire de notre présence, ils
sont trop occupés à brouter l’herbe. Nous en profitons donc pour une autre
séance photo et je tombe amoureux d’un petit alpaga marron vraiment trop
mignon.
Pour clore cette journée, j’assiste à un spectacle de danses
traditionnelles péruviennes. Il s’agit essentiellement de danses en groupe avec
les hommes d’un côté et les femmes de l’autre, et ils se retrouvent
régulièrement pour des passages de danse en couple. Les danseurs et les
danseuses enchaînent les chorégraphies au rythme des chansons jouées par
l’orchestre, et changent plusieurs fois de costumes au cours du spectacle. Tout
est très coloré et très vivant, les danseurs sont souriants, un agréable
moment.
Sur la Plaza de Armas de la ville se trouve la cathédrale
Notre Dame de l’Assomption. Lorsque je passe devant, je vois passer une
procession. Curieux, je demande en quel honneur celle-ci a lieu, on me répond
qu’aujourd’hui a lieu l’ordination de plusieurs prêtres dans la cathédrale. Je
m’y rends donc et assiste à quelques discours et écoute plusieurs chants
religieux repris en chœur par les fidèles venus en nombre pour l’occasion. A un
moment, un homme puis une femme s’installent à côté de moi et se mettent à
chanter aussi. Malheureusement la foi ne suffit pas pour savoir chanter… je vous
laisse écouter ça.
Après la visite rapide du musée d’art contemporain, je me
rends au marché de San Pedro où je retrouve Chloé ainsi que Yves et Janine que
nous avions rencontré lors du trek au canyon de Colca. Nous mangeons ensemble
un plat simple mais très bon fait de riz, avocat, banane plantain, omelette aux
légumes, puis nous allons déguster un jus de fruits frais en guise de dessert.
A un moment, la femme qui nous a préparé les jus de fruits devient toute folle
et part rejoindre une foule en agitation autour d’un homme. Il s’agit
apparemment d’une célébrité d’un soap opéra venue pour une opération de
sensibilisation à la protection de l’environnement.
Je continue la journée avec Chloé, nous nous rendons au
Museo de Sitio Qorikancha. Le Qorikancha, Temple du Soleil, était le lieu sacré
le plus important de l’empire inca, il a malheureusement été détruit par les
espagnols et seuls les fondations et des murs subsistent, une Eglise et un
couvent ont été construit à la place. Le petit musée traite de l’histoire des
incas, j’en retiendrai surtout avoir découvert que les incas pratiquaient la
trépanation. Cette technique chirurgicale consistait à percer des trous dans la
boîte crânienne pour soigner les blessures graves à la tête, en effet, faire
baisser la pression à l’intérieur du crâne pouvait sauver les blessés. La
technique était aussi utilisée pour traiter les maux de tête chroniques et les
maladies mentales. Les chercheurs ayant travaillé sur ce sujet ont réussi à
démontrer que dans 80% des cas, les patients survivaient à l’opération et
continuaient de vivre encore de nombreuses années !
Notre journée se poursuit avec une séance de shopping
souvenirs, une dégustation de chocolat au Choco Museo, une grosse averse de
grêle, et un dîner avec Sandra, une autre trekeuse rencontrée au canyon de
Colca. Après tout ça, il est temps pour moi de préparer mes affaires, je pars
demain en direction du légendaire Machu Picchu !
Si on t'aurait dit que tu risque plus en venant à Paris .
RépondreSupprimerTu ne l'aurait jamais cru