mercredi 25 mars 2020

Pérou, Cusco

Après 6h30 de bus depuis Puno, je débarque à Cusco, capitale de feu l’empire Inca. J’ai largement eu le temps dans le bus pour chercher sur les sites de réservation, une auberge de jeunesse qui devrait répondre à toutes mes exigences. Me voici donc au Tucan Hostel, et c’est le bonheur, tout est bien propre, les chambres sont calmes et il n’y fait pas froid, les lits disposent de rideaux, de prises électriques individuelles, les douches sont chaudes, il y a une cuisine équipée, le petit dej est tout à fait correct et pour couronner le tout, la nuit ne coûte que 7€ !

Je pars découvrir la ville en commençant par le marché de San Pedro qui m’a été conseillé pour y acheter des souvenirs et pour y manger. Ça grouille de monde, avec ma tête de touriste, je me fais alpaguer de tous les côtés pour me vendre des pulls en alpaga, des peluches lamas, du chocolat, des légumes, des jus de fruits frais… Le seul habit à manche longue dont je dispose étant un sweat à capuche, je craque pour un joli pull qui devrait m’être utile pour mes prochaines sorties dans les montagnes.








Je pars ensuite à la découverte de la ville, ses petites rues, sa place d’armes, ses églises… j’aime beaucoup. Cusco est une ville très touristique, mais l’ambiance est tellement moins oppressante qu’à Lima, et de par son histoire et sa culture, elle est bien plus intéressante. Une chose me fascine, ce sont toutes ces constructions dont les murs sont faits de pierres sculptées parfaitement ajustées les unes par rapport aux autres. Ces murs ont été construits par les incas et sont les seuls à avoir résisté aux nombreux tremblements de terre qu’a subie la région depuis des siècles.  Au détour d’une rue, je tombe sur la fameuse pierre à douze angles, je suis impressionné par un tel niveau de précision.







  





Je passe par hasard devant le Museum d’Histoire Naturelle de la ville, et décide d’aller y faire un tour. L’entrée n’est qu’à ~2€, et le musée semble tout petit, je n’espérais donc pas quelque chose de phénoménal, mais rien que pour le fou rire qu’il m’a apporté, ça valait le coût. Loin de moi l’idée de me moquer de ce musée, il présente des petites collections d’insectes, de papillons, d’araignées et d’oiseaux sympathiques, mais pour ce qui est des mammifères, certains ont été tellement mal naturalisés qu’il est difficile de ne pas rire en les voyant !


















5h du matin, je prends un bus touristique pour me rendre à la Montagne aux Sept Couleurs. Quelques heures de route et me voici au début du chemin menant jusqu’au sommet de la montagne. Il y a beaucoup de monde, mais c’était prévisible, tous les touristes viennent en passant par des agences et arrivent presque en même temps car il est compliqué de venir jusqu’ici par d’autres moyens. J’avance tranquillement, mais relativement vite par rapport à d’autres qui ont l’air déjà épuisés après seulement quelques centaines de mètres. Il est vrai que nous sommes à 5000 mètres d’altitude et que l’oxygène est plus rare ici, ce qui fait qu’on se fatigue plus rapidement et qu’on peut avoir « El Soroche », le mal des montagnes. Pour éviter ce mal, il est conseillé de mâcher des feuilles de coca. Oui, la même coca qui est utilisée pour la fabrication de la cocaïne, mais la feuille en elle-même ne contient pas de drogue. C’est une tradition ancestrale au Pérou et en Bolivie. J’en ai apporté avec moi, on va voir si ça fonctionne.
Le chemin est relativement plat et monte lentement, ce n’est pas trop dur d’avancer, j’admire le paysage, il y a de belles montages recouvertes de verdure où de nombreux alpagas paissent tranquillement, c’est la première fois que je vois autant de ces animaux qui font un peu penser à un croisement entre un mouton et un chameau. Certains sommets sont enneigés, un guide raconte à son groupe que lorsqu’il était jeune, il y avait vraiment beaucoup plus de neige, mais qu’avec le réchauffement climatique, celle-ci se fait de plus en plus rare.
Presque une heure que j’ai commencé à marcher, je commence à sentir les effets du manque d’oxygène, ma respiration est plus difficile et mes pas sont de plus en plus lourds. Je ne suis plus très loin du sommet, mais le chemin est maintenant plus pentu qu’au début. De plus en plus de gens s’arrêtent pour faire des pauses et reprendre leur respiration, certains décident de finir la montée sur le dos d’un de ces pauvres chevaux exploités par leurs propriétaires pour monter et descendre des touristes à longueur de journée... Le mal des montagnes commence à s’emparer de moi, j’ai de plus en plus la sensation d’avoir la tête coincée dans un étau, je décide de faire une pause à mon tour. Je me retourne pour m’assoir et découvre la beauté de la vallée que je viens de traverser sans vraiment m’en rendre compte.











Je reprends le chemin pour les 200 mètres qu’il me reste à parcourir, je n’aurai jamais pensé que cela serait aussi difficile. J’avance lentement, pas après pas, et plus j’approche du sommet, plus je sens la température qui baisse, et une fois arrivé, c’est un vent glacial qui m’accueille. J’enfile mon sweat à capuche par dessus mon nouveau joli pull, je m’emmitoufle avec mon paréo multifonction et je peux enfin admirer Vinicunca, la Montaña de Siete Colores. Le temps n’est malheureusement pas très ensoleillé, mais on peut clairement voir les différentes couches colorés. On distingue très bien le rouge (oxyde de fer), le vert (sulfate de cuivre), le jaune (soufre), et on devine le violet, l’orangé. Le temps de faire quelques photos, et je me sens déjà en hypothermie, je ne vais pas faire long feu ici. Je prends le chemin menant vers la très belle Vallée Rouge, mais je m’arrête seulement pour un point de vue car je dois me dépêcher de retourner au bus. Au fur à mesure que je descends, je sens l’étau qui comprime mes tempes se desserrer, je n’avais jamais expérimenter un tel effet de l’altitude, heureusement, il n’est pas prévu que je remonte aussi haut pour la suite du voyage.

 







Chloé, que j’avais rencontrée lors du trek au canyon de Colca, est aussi à Cusco en ce moment, je la retrouve pour une journée de visites ensemble dans les montagnes au nord de la ville où se trouvent différents sites archéologiques. Nous commençons par Tambomachay, « el baño del Inca », Quand on parle de « l’Inca », on désigne en fait le chef de l’empire inca. Cet endroit était un lieu de repos pour l’Inca. Sa particularité est d’avoir un système de canalisation alimentant deux petites fontaines avec l'eau d'une source proche.
Proche de Tombomachay se trouve Puka Pukara, une ancienne forteresse construite afin de protéger l’accès à Cusco par le nord. Comme les constructions qu’on trouve dans la ville, les murs sont faits de pierres taillées ajustées les unes aux autres, mais ils semblent avoir moins bien résisté ici.








Nous faisons un détour par les ruines du Temple de la Lune avec ses énigmatiques monticules de pierre, et, suivi par des chiens, nous nous rendons au site de Qenqo. Cet endroit était un sanctuaire important de la civilisation inca, rituels, sacrifices, momifications avaient lieu ici. Dans la langue inca, le queshua, Qenqo signifie labyrinthe, et en effet, ce site est constitué de nombreux petits chemins et galeries creusés dans la roche.











Nous finissons nos visites par le site de Saqsaywaman. Cette forteresse est composée de murailles de plusieurs centaines de mètres et faites de pierres taillées parfaitement ajustées comme nous l’avons déjà vu jusque-là. Sauf que celles-ci sont d’une taille incroyable, certaines font plusieurs mètres de hauteur et de largeur et pèseraient plus de 200 tonnes ! On se demande vraiment comment il est possible que ceci ait été construit par des humains il y a 500 ans. Nous marchons sur le grand espace de verdure du site et nous rencontrons un alpaga seul accroché à un poteau. Il a l’air assez craintif et pousse des petits gémissements lorsque nous nous approchons de lui, nous gardons donc notre distance pour le prendre en photos. Après ce shooting, nous apercevons plus loin tout un troupeau d’alpagas, nous allons les rejoindre, eux ne sont pas accrochés et n’ont absolument rien à faire de notre présence, ils sont trop occupés à brouter l’herbe. Nous en profitons donc pour une autre séance photo et je tombe amoureux d’un petit alpaga marron vraiment trop mignon.



















Pour clore cette journée, j’assiste à un spectacle de danses traditionnelles péruviennes. Il s’agit essentiellement de danses en groupe avec les hommes d’un côté et les femmes de l’autre, et ils se retrouvent régulièrement pour des passages de danse en couple. Les danseurs et les danseuses enchaînent les chorégraphies au rythme des chansons jouées par l’orchestre, et changent plusieurs fois de costumes au cours du spectacle. Tout est très coloré et très vivant, les danseurs sont souriants, un agréable moment.












Sur la Plaza de Armas de la ville se trouve la cathédrale Notre Dame de l’Assomption. Lorsque je passe devant, je vois passer une procession. Curieux, je demande en quel honneur celle-ci a lieu, on me répond qu’aujourd’hui a lieu l’ordination de plusieurs prêtres dans la cathédrale. Je m’y rends donc et assiste à quelques discours et écoute plusieurs chants religieux repris en chœur par les fidèles venus en nombre pour l’occasion. A un moment, un homme puis une femme s’installent à côté de moi et se mettent à chanter aussi. Malheureusement la foi ne suffit pas pour savoir chanter… je vous laisse écouter ça.






Après la visite rapide du musée d’art contemporain, je me rends au marché de San Pedro où je retrouve Chloé ainsi que Yves et Janine que nous avions rencontré lors du trek au canyon de Colca. Nous mangeons ensemble un plat simple mais très bon fait de riz, avocat, banane plantain, omelette aux légumes, puis nous allons déguster un jus de fruits frais en guise de dessert. A un moment, la femme qui nous a préparé les jus de fruits devient toute folle et part rejoindre une foule en agitation autour d’un homme. Il s’agit apparemment d’une célébrité d’un soap opéra venue pour une opération de sensibilisation à la protection de l’environnement.









Je continue la journée avec Chloé, nous nous rendons au Museo de Sitio Qorikancha. Le Qorikancha, Temple du Soleil, était le lieu sacré le plus important de l’empire inca, il a malheureusement été détruit par les espagnols et seuls les fondations et des murs subsistent, une Eglise et un couvent ont été construit à la place. Le petit musée traite de l’histoire des incas, j’en retiendrai surtout avoir découvert que les incas pratiquaient la trépanation. Cette technique chirurgicale consistait à percer des trous dans la boîte crânienne pour soigner les blessures graves à la tête, en effet, faire baisser la pression à l’intérieur du crâne pouvait sauver les blessés. La technique était aussi utilisée pour traiter les maux de tête chroniques et les maladies mentales. Les chercheurs ayant travaillé sur ce sujet ont réussi à démontrer que dans 80% des cas, les patients survivaient à l’opération et continuaient de vivre encore de nombreuses années !









Notre journée se poursuit avec une séance de shopping souvenirs, une dégustation de chocolat au Choco Museo, une grosse averse de grêle, et un dîner avec Sandra, une autre trekeuse rencontrée au canyon de Colca. Après tout ça, il est temps pour moi de préparer mes affaires, je pars demain en direction du légendaire Machu Picchu !

1 commentaire:

  1. Si on t'aurait dit que tu risque plus en venant à Paris .
    Tu ne l'aurait jamais cru

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