jeudi 30 avril 2020

Chili, Arica et San Pedro de Atacama

Après le Pérou, l'itinéraire que j'envisageais à la base me faisait parcourir la Bolivie, je devais traverser la frontière au niveau du lac Titicaca à Copacabana, puis découvrir le pays en passant par les villes de La Paz, Sucre, Uyuni... pour arriver au Chili à San Pedro de Atacama. Mais à cause des troubles que connaît la Bolivie suite aux élections présidentielles, je dois revoir mon itinéraire. Les frontières sont même parfois totalement fermées, Jeannine et Yves, qui y étaient avant d'arriver au Pérou, m'avaient d'ailleurs raconté qu'ils avaient pratiquement dû fuir comme des clandestins pour pouvoir sortir du pays.
Me voici donc en route directement pour le Chili. Si tout va bien, je devrais quand même avoir la possibilité d'aller faire un tour dans le sud de la Bolivie en passant par une excursion depuis San Pedro.
C'est parti pour 10h en bus de nuit pour aller de Cusco à Arequipa, puis 6h avec un autre bus pour atteindre Tacna, la dernière ville avant la frontière, puis encore 2h dans un autre bus pour passer la frontière. Ajoutez 1h d'attente entre chaque bus, et ça fait... 20h de trajet pour enfin arriver au Chili, face à l'océan Pacifique, dans la ville d'Arica.



La ville de l'éternel printemps, c'est le nom qu'on donne à Arica. La température y dépasse rarement 28°C en été et ne descend quasiment jamais en dessous de 10°C en hiver. Le soleil est présent en quasi permanence et il ne pleut pratiquement jamais. Avec en moyenne 0,5 mm de pluie par an, c'est en fait un des endroits habités les plus arides au monde. Cette ville détient le record mondial de la période de sécheresse la plus longue : 14 ans !
Un peu de chaleur et de soleil, ça va me faire du bien !





J'ai réservé dans une sorte de Airbnb mini auberge de jeunesse. J'y fait la rencontre de Francesca et Alvaro, un couple italo-espagnol, qui me propose de passer la journée ensemble. À vélo, nous partons visiter la ville, nous nous arrêtons sur une place où se trouve une cathédrale qui attire notre attention, curieux nous entrons et découvrons à l'intérieur une architecture en métal qui rappellerait presque certaines gares parisiennes. Une plaque nous informe que l'architecte de cette cathédrale n'est autre que Gustave Eiffel, et qu'il a également construit le bâtiment des douanes de la ville.
Nous poursuivons en grimpant jusqu'au sommet de la falaise qui surplombe la ville. Offrant une grande visibilité sur l'océan et sur les terres jusqu'à des dizaines de kilomètres, cette falaise fut un lieu stratégique durant la guerre du Pacifique. On y trouve d'ailleurs quelques panneaux d'information au sujet de cette guerre qui opposa le Chili face au Pérou et la Bolivie à la fin du XIXeme siècle.
Avant de rentrer au Airbnb, nous passons faire des courses au centre commercial car Alvaro veut absolument nous préparer un risotto pour ce soir. Ça peut sembler étrange, mais ça me fait tout bizarre de me retrouver ici. Je n'étais pas aller dans un centre commercial depuis 3 mois lorsque j'étais au Texas. Le Chili est connu pour être un des pays d'Amérique du Sud le plus occidentalisé, je le constate ici.

















Après avoir fait fait mes adieux à mes charmants compagnons de la veille, je pars cette fois ci seul, toujours à vélo, direction le sud de la ville, 15 km en longeant la côte avec un fort vent de face, c'est sportif ! Je me rend jusqu'à Las Cuevas de Anzota, un ensemble de grottes et de falaises où je me retrouve totalement seul face à l'océan (si on fait abstraction de tous les vautours qui volent en tournoyant et mangent les carcasses des animaux échoués sur la plage).
À mon tour ensuite de quitter Arica, un autre long trajet en bus de nuit m'attend. Heureusement, comme au Pérou, on trouve des bus très confortables ici, et les 10h de bus passent rapidement vu que j'arrive à bien dormir pendant les 3/4 du trajet.















San Pedro de Atacama a longtemps été un petit village dans le désert ne vivant que de l'agriculture et de l'extraction minière, maintenant c'est une petite ville d'à peu près 5000 habitants vivant essentiellement du tourisme. Car il y a à faire niveau tourisme ici, c'est une région incroyable que je m'apprête à découvrir.

Sur les conseils d'une amie d'Omar (que j'avais rencontré à Cozumel), je me rend à la Casa Voyage, une petite auberge de jeunesse. Je suis rapidement accueilli par l'équipe de bénévoles qui s'occupent de l'auberge. Ils travaillent tous ici quelques heures par jour en échange d'un hébergement gratuit et sont incroyablement sympathiques. Vicky, Tania, Julia, Javi, Esteban, Cromo et Felipe. Il y a aussi Hilda, la seule employée, une jeune bolivienne qui me fait sans cesse de grands sourires. Et il y a le boss, Miguel, qui m'accueille et me conseille comme si j'étais un ami. L'auberge en elle même n'est pas exceptionnelle du tout, mais c'est tous ces gens qui font que cet endroit est un des plus agréables où je suis resté.








Sur Facebook, on trouve de nombreux groupes pour les voyageurs du type "Les français au Pérou", "Backpackers en Australie" "Expatriés au Japon" etc... On y trouve un tas d'informations, de conseils que les gens partagent, on peut y poser des questions et ça peut être également un moyen de rencontrer d'autres voyageurs. C'est en répondant à une annonce sur le groupe "Les français au Chili" que je fais la connaissance de Déborah, l'infirmière belge et Inès, l'étudiante française. Ensemble, nous louons des vélos pour aller découvrir la "Garganta del Diablo", la gorge du diable, au nord de San Pedro. Constituée d'une multitude de monticules de pierre et de terre, on se croirait sur une autre planète. Les chemins serpentent dans tous les sens, on passe par des petites failles, on monte et on descend des bosses, on s'amuse comme sur un terrain de cross, c'est génial. Juste un petit conseil si vous y allez, suivez bien les flèches si vous préférez éviter une petite frayeur comme on s'est faite, on peut s'y perdre comme dans un labyrinthe.













Pour la suite de notre découverte de la région d'Atacama, nous embarquons un voyageur de plus, Maxime le chef cuistot lyonnais, et nous louons cette fois ci une voiture.
La Vallée de la Lune (Valle de la Luna) porte bien son nom, le paysage qui s'offre à nous ici est vraiment lunaire. Avec ces montagnes rocailleuses, cette grande dune de sable noir, ces rochers pointant étrangement vers le ciel, encore plus qu'à la gorge du diable, j'ai le sentiment d'avoir quitter la Terre.











La Vallée Arc-en-ciel (Valle Arcoiris), est un autre lieu magnifique de la région d'Atacama. Étant situé à 2h de route de San Pedro, assez peu de monde vient jusqu'ici et hormis quelques autres touristes, nous sommes quasiment seul. Dans un silence que seuls le vent et quelques oiseaux viennent troubler, nous nous promenons entre les formations rocheuses aux multiples couleurs.













La Valle de la Muerte (Vallée de la Mort), n'est pas vraiment dangereuse et nous n'y risquons rien en y allant. En fait, son nom espagnol était initialement la Valle de Marte (la Vallée de Mars), mais suite à des erreurs de compréhension/traduction, elle est devenue la Vallée de la Muerte.
Du haut d'une falaise surplombant la vallée, nous assistons au coucher du soleil sur un paysage désertique qui semble infini, avec au loin, de belles montagnes et d'imposants volcans.
Je découvre ici que mes camarades ont aussi un petit compagnon de voyage, Maxime un petit guignol, Deborah un espèce de lapin en peluche.








Pour notre troisième journée, nous mettons le cap vers le sud. Première destination, la Laguna Chaxa qui se trouve au cœur de l'étendue de sel du Salar de Atacama. Il vaut mieux venir tôt ici car les flamants qui y viennent ne restent que pour se nourrir, et davantage le matin. On peut observer trois espèces de flamant sur cette lagune, le flamant chilien, le flamant andin et le le flamant de James. Ils sont vraiment magnifiques, nous passons un bon moment à les observer marcher dans l'eau, se nourrir et s'envoler. Certains font parfois une petite danse avec leur pattes, c'est pour soulever la vase et mettre en suspension dans l'eau les algues et petits crustacés dont ils de nourrissent. Nous nous faisons les plus discrets possible pour les approcher sans les importuner, ce qui me permet de réaliser de beaux clichés.


















Nous poursuivons notre route vers le sud à travers le magnifique paysage de l'altiplano chilien, où les vigognes se baladent au milieu des innombrables petits buissons jaunes et verts. Les vigognes (vicuñas en espagnol (prononcez vicouniasse)), ce sont des animaux de la même famille que les lamas et les alpagas, mais en version sauvage.
Nous suivons la route jusqu'à ce que se dévoile une superbe lagune au cœur d'une autre entendue de sel, Piedras Rojas. Il a beau y avoir un magnifique ciel bleu et un grand soleil, nous avons quand même bien froid ici car nous avons pris pas mal d'altitude et il y a un vent glacial à cet endroit, nous sortons de la voiture pour prendre quelques photos, mais nous ne nous attardons pas trop.













Nous allons ensuite voir plusieurs lacs perdus dans des paysages magnifiques, tous aussi beaux les uns que les autres : le lac Tuyajto, le lac Miscanti et le lac Miñiques. Toutes ces couleurs, tous ces immenses espaces de nature, on se sent vraiment privilégiés d'avoir la chance de pouvoir admirer ça de nos propres yeux. Je suis bien content que nous ayons choisi de faire ces visites en louant une voiture plutôt que de passer par des excursions, car cela nous donne la possibilité de prendre notre temps et de faire des arrêts  pour profiter pleinement de ces incroyables paysages.



















Pour clore cette journée en beauté, nous nous rendons à la Laguna Cejar dans laquelle il est autorisé de se baigner (ce qui n'était pas le cas dans tous les endroits que nous avons visité avant). Ce petit lac a la particularité d'avoir une eau saturée en sel, et donc, comme dans les eaux de la Mer Morte, on y flotte sans effort et c'est drôlement amusant.







Notre petit périple se termine. Ces journées avec des inconnus rencontrés via Facebook aurait pu tourner au fiasco, mais elles se sont terriblement bien passées, et c'est avec le regret de ne pas partager davantage avec eux que je fais mes adieux à Déborah, Inès et Maxime. Je rentre à la Casa Voyage où je retrouve les bénévoles mais aussi Billy et Maureen, deux adorables français en voyage qui ont fait le bon choix de passer leur séjour dans cette auberge. Entre parties de cartes, discussions et repas conviviaux, je passe de bons moments avec eux avant de partir pour une petite excursion en Bolivie.




1 commentaire:

  1. Cela fait toujours rêver et surtout en ces moments de doute sur l'intelligence humaine

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