jeudi 22 octobre 2020

Bolivie, to Uyuni and back

La situation en Bolivie est toujours tendue, il y a de nombreuses manifestations, les commerces sont fermés, les transports sont en grèves... mais il reste néanmoins possible de visiter une partie du sud du pays en participant à une excursion au départ de San Pedro de Atacama, ce que je choisis de faire.

Réveil difficile à 5h du matin, je monte à bord du minibus qui fait le tour des hôtels et auberges de jeunesse pour ramasser les participants au tour. Il nous amène jusqu'au poste frontière chilien, puis aux douanes, puis au poste frontière bolivien, c’est long !!! Une fois toutes les formalités passées, nous rencontrons Juan Carlos, notre guide bolivien qui nous attend dans son 4x4.

Nous chargeons les bagages sur le toit du véhicule, et nous voici partis pour 4 jours sur les pistes du sud de la Bolivie. Oui, les pistes, pas de routes bitumées ici, c'est une des bonnes raisons pour lesquelles il est d'ailleurs déconseillé de s'y aventurer sans un guide. 

Nous parcourons les premiers kilomètres dans l’espace immense de l’altiplano bolivien. Dans cette partie aride de la cordillère des Andes, pas grand chose ne pousse à part des buissons, nous sommes à 3000 mètres d’altitude, l’air est froid mais le ciel est ensoleillé. On aperçoit des vigognes de temps en temps, et, même si je n’en ai pas la preuve photographique, je vous jure que j’ai aussi vu un nandou !






Notre faisons un premier arrêt à la Laguna Blanca, un joli lac aux eaux d’un blanc laiteux dû à la présence de borax. Et juste à côté se trouve la Laguna Verde, un lac aux couleurs vertes dues à la présence de cuivre. Nous poursuivons en passant devant las Rocas de Dali, des grosses pierres curieusement parsemées dans le désert évoquant les décors de certaines peinture de Salvador Dali. Et nous nous arrêtons à la source chaude de Polques où un espace de baignade est aménagé. L’idée de m’y réchauffer est tentante mais cela impliquerait de devoir me déshabiller dans le froid et de me sécher à la sortie du bain toujours dans ce même froid, donc non, je me contente d’admirer le paysage.









Non loin de là se trouve un autre exemple de l’activité géothermique de la région : el Sol de Mañana (le soleil du matin). C’est un champs de geysers, de mares de boues bouillonnantes et de fumerolles à l’odeur de soufre bien prononcée. Je m’approche prudemment pour observer tout ça et j’évite de me retrouver face aux panaches de fumées que j’imagine très bien capables de me dissoudre instantanément tellement chauds et acides ils doivent être !!!







Des belles étendues d’eau, j’en ai vu pas mal depuis le début de mon voyage, j’en ai vraiment pris plein les yeux avec la lagune de Bacalar, le Rio Celeste du Costa Rica, les lacs roses du Yucatan, le lac Titicaca, la Laguna Blanca de ce matin...

Mais si je ne devais en retenir qu’une, ce serait sans hésiter celle que j’ai maintenant sous les yeux : La Laguna Colorada. De l’eau d’un rouge flamboyant, des îlots blancs, des centaines de flamants roses dans un immense espace sauvage et préservé. J’ai rarement été aussi ému face à tant de beauté, et je ne me suis jamais autant senti privilégié d’avoir la chance de voir un tel spectacle de mes propres yeux.









Après les émerveillements de la première journée, un bon repas préparé par notre guide, et une nuit dans une auberge du village de Villamar, nous reprenons notre excursion vers le nord à bord de notre 4x4. Au son de la musique bolivienne que nous fait écouter Juan Carlos, je regarde le paysage défiler. Je vois aussi les autres groupes rouler à vive allure comme nous et soulever des gros nuages de poussière, ce qui est d’ailleurs assez embêtant lorsqu’on est un peu trop proche. Attention à bien fermer les fenêtres, la poussière, elle s’infiltre partout !

Aujourd’hui, nous nous baladons parmi les différentes formations rocheuses de la Valle de las Rocas qui évoquent (plus ou moins) différentes formes : un chameau, une coupe de champagne, la coupe du monde de football, le Sphynx... Puis nous longeons le Cañon del Anaconda depuis son sommet qui nous donne un vertigineux panorama.










Nous faisons ensuite une halte à la Laguna Negra, un petit lac aux eaux très sombres se trouvant dans une sorte de mini vallée où de mini cours d’eau ruissellent sur des tapis de mousse et d’herbe où paissent de paisibles lamas. Je m’y promène et fait une macabre découverte : un lama mort !

Au vu de l’état avancé de décomposition du cadavre (il ne reste que des os et de la fourrure), et au vu des conditions climatiques de la région, je daterai la mort à au moins 8 semaines. Quant à la cause du décès, chute mortelle, lamacide, maladie ? Mystère. J’attend le rapport de Bones.







Et maintenant Julaca, un village quasi abandonné, perdu au milieu du désert, traversé par une voie ferrée, on se croirait en plein far west americain. La plupart des habitations sont en ruines, seul un bar où viennent se désaltérer les touristes subsiste. Persuadé que plus aucun train ne passe ici, je joue à l’équilibriste sur les rails, alors qu’en fait il y a bien encore des trains qui circulent, aucun doute, je l’ai vu de mes propres yeux.







Nous atteignons notre destination finale de la journée : un hôtel de sel !

Bon, il n’est pas totalement construit en sel, mais on trouve aussi du mobilier et de la décoration fait avec du sel, c’est amusant. Le sel, c’est un peu la spécialité de la région on va dire, car l’endroit que nous allons visiter demain est un immense désert de sel, c’est le Salar d’Uyuni.






Allez c’est l’heure d’une petite parenthèse historico-geologico-chimico-economico-politique.

Il y a 14000 ans, à cet endroit situé à 3600 mètres d’altitude, se trouvait un immense lac salé, le lac Minchin. Sous l’effet de l’évaporation, le lac s’est asséché et aujourd’hui, il ne reste que le sel qui par endroit forme une croûte allant jusqu’à 120 mètres d’épaisseur. Ce sel est composé majoritairement de chlorure de sodium, mais il contient aussi d’autres minéraux comme le potassium, le magnésium, le bore et surtout le lithium. Le lithium est un composant essentiel des batteries électriques, et sa présence ici en grande quantité représente une opportunité économique très importante pour la Bolivie qui est encore un des pays les plus pauvres du monde. On estime à 5,5 millions de tonnes, la quantité de lithium contenue dans le Salar d’Uyuni. L’exploitation, qui n’en est encore qu’à ses débuts, de cet « or blanc » est donc un sujet économique, écologique et politique très sensible. Fin de la parenthèse.

Pour donner une idée de l'immensité de cet endroit, voici deux photos satellite.





Je vais donc découvrir ce désert de sel demain, ce qui sera le point culminant de cette excursion. J’en suis tout excité ! Un rapide repas, une bonne douche chaude et au lit. Réveil prévu à 4h afin d’être déjà sur le Salar pour assister au lever du soleil.






Et là, c’est le drame.

Vers 1h30, je me réveille brusquement, je ne me sens pas bien, j’ai chaud, j’ai froid, j’ai la nausée... et je finis par vomir. Une fois, deux fois, trois fois. Je vois les heures passer et je me sens toujours aussi mal. Mais pourquoi ?!? Pourquoi maintenant !!??

4h, c’est le moment de se préparer et de partir, j’explique à Juan Carlos comment je me sens, il me répond que pour le moment on ne peut évidemment rien faire à part suivre le programme prévu, mais si je ne vais pas mieux plus tard, il pourra m’emmener à l’hôpital. J’espère bien que ça ne sera pas nécessaire.

Nous prenons donc la route pour le salar, il fait encore nuit noire et on ne voit pas bien loin. Je ne me rend d’ailleurs même pas bien compte que nous avons roulé dessus depuis plusieurs dizaines de minutes lorsque nous arrivons à notre destination, l’île d’Incahuasi. Cet endroit est un des rares où on peut trouver de la vie sur le salar, son sol est constitué de corail fossilisé et des cactus géants y poussent. L’île forme une colline et on nous invite à grimper jusque son sommet avant le lever du soleil. Je suis toujours nauséeux mais je tiens debout et je ne veux pas que ce moment soit totalement gâché, alors je me lance dans l’ascension... mais tout doucement. Il y a un chemin avec des petits escaliers serpentant entre les cactus géants, je monte les marches une à une. Il fait froid et je grelotte un peu. Au fur à mesure que je monte, je sens des courants d’air et le froid qui s’intensifie, j’ai maintenant les jambes qui tremblent et je me sens encore plus nauséeux, mais non s'il vous plait, je ne vais quand même pas souiller cet endroit avec mon vomi !? Par "chance", une poubelle est installée à quelques mètres de l'endroit où je me trouve... bref, je vous passe les détails. Il y a encore pas mal à monter avant d'atteindre le sommet, je vois les premières lueurs du soleil à l'horizon, je n'arriverai jamais en haut à temps pour le lever du soleil. Je décide donc de m'arrêter là où la vue sera suffisamment dégagée pour observer l'aurore. Je vois l'horizon s'illuminer et le désert de sel qui apparaît de plus en plus clair. Les cactus qui m'entourent se font de plus en plus présent et malgré mon mauvais état, je savoure ce moment... Mais pas trop longtemps, c'est que j'ai vraiment froid et je me sens de plus en plus fébrile. Je rebrousse chemin jusqu'au 4x4 où un petit déjeuner m'attend. Je mange ce que je peux et je prend les médicaments que Juan Carlos a obtenu par un autre guide.






Nous quittons l'île et partons avec le 4x4 nous perdre au milieu du désert pour une séance photo. C'est un grand classique des excursions au Salar d'Uyuni, l'espace qui parait presque infini offre la possibilité de faire des photos rigolotes en jouant avec les perspectives. Je vais un peu mieux alors j'en profite et je m'y donne à cœur joie. Mais le répit est de courte durée, et je me sens mal à nouveau, je m'allonge sur le sol et je finis par m'endormir pendant une vingtaine de minutes. 











Les shooting photos finis pour tous les participants à l'excursion, nous reprenons la route et quittons le salar pour aller jusqu'à la ville d'Uyuni. Mon état ne s'améliorant pas, Juan Carlos m'amène dans une clinique où je suis rapidement pris en charge. Après un examen médical et une prise de sang, le diagnostic arrive : au vu de l'augmentation de mes globules blancs et la rapidité avec laquelle je suis tombé malade, il est fort probable que ce soit une intoxication alimentaire. N'ayant pu boire et manger correctement, je suis aussi très déshydraté. On décide donc de me réhydrater et de m'administrer des antibiotiques via une perfusion. Problème, du fait de la déshydratation, mes veines sont difficiles à trouver pour l'infirmière et ce n'est pas moins de sept fois qu'elle doit me piquer pour me poser la perfusion, j'ai tout gagner ! 😭



3 heures plus tard, je suis remis sur pied, je peux quitter la clinique. Juan Carlos me récupère et nous reprenons la route pour retourner au Chili. Nous faisons une escale à mi chemin pour la nuit, et nous arrivons à la frontière le lendemain matin. Ce passage en Bolivie aura été court mais bien riche en découvertes, en émerveillements, en émotions et en surprises ! Je n'ai qu'une envie, c'est d'y retourner un jour pour y passer plus de temps et découvrir davantage ce pays.





2 commentaires:

  1. Les photos sont superbes, dommage pour l’intoxication ! En tout cas, merci pour ce partage ! 😘

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  2. Cela fait rêver!!! Merci pour ce petit voyage!!!!!!

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